Alberta, le coeur des Rocheuses (Banff & Jasper)

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Après des semaines d’absence, reclus dans les Rocheuses canadiennes (mais pas que), on vous raconte TOUT !

Le 23 juillet nous récupérons Matoche à Calgary et nous lançons ni une ni deux en direction de Banff. Il faut savoir que les Rocheuses sont l’endroit le plus visité au Canada, et donc qu’il y a beaucoup de monde. BEAUCOUP de monde. Par ailleurs, parc national oblige, il est interdit de poser son camion n’importe où comme nous le faisions jusqu’à présent en bon va nus pieds que nous sommes. Les campings sont rares et évidemment pris d’assaut par ces voyous de touristes… un conseil donc, pour toutes les personnes qui envisageraient ce voyage : pensez impérativement à réserver votre hébergement à l’avance. Il y a tout de même des campings « premiers arrivés premiers servis » et nous dégotons par chance le dernier emplacement disponible. Un petit apéro foie gras champagne (merci Mathilde & Claire !) dans les bois et nous déclarons officiellement ces vacances ouvertes !

Et la première journée commence fort : nous décollons à 6 :00 du matin pour découvrir le lac Louise et faire une randonnée en espérant éviter la horde de touristes. Nous sommes déjà nombreux sur les lieux ! Le lac Morraine, juste à côté est déjà inaccessible car le parking est plein. Le lac est très beau, mais il prend toute son ampleur alors que nous commençons à monter et que le soleil apparaît, lui donnant sa couleur turquoise si caractéristique. Une bonne balade nous mène quelques heures plus tard au sommet de Big Beehive. La vue est splendide, avec le Lac Louise sous nos pieds et le glacier au dessus de nos yeux. En redescendant en fin de matinée et en voyant la foule de perches à selfies qui a pris d’assaut les rives du lac, nous sommes heureux d’avoir fait l’effort de se lever tôt et de profiter d’une vue relativement préservée. Et c’est alors que tous vivifiés que nous sommes par cette randonnée, nous commettons l’erreur fatale : partir sans laisser chauffer Big Boy… qui cale à la sortie du parking et ne redémarre plus. On essaie de garder la pêche, malgré le stress de devoir pousser Big boy en urgence parce qu’on bloque le site le plus visité du Canada, malgré le fait d’attendre la dépanneuse pendant 3h, de retourner 100km en arrière, à Canmore-la-seule-ville-plate-des-Rocheuses, sans trop savoir à quelle sauce on va être mangés et malgré le fait que le garagiste nous dise qu’il ne peut pas nous promettre de s’en occuper avant 4 jours… Pour un premier jour, ça promet !

Mais c’est sans compter sur notre Big boy national qui, j’en suis chaque jour un peu plus convaincue, à une vie propre, sous son gros capot. Car le lendemain matin, après une nuit passée sur le parking du garagiste, il démarre au quart de tour ! Môssieur était chafouin. Môssieur n’a pas aimé se faire bousculer. Nous décidons de laisser le garagiste jeter quand même un œil et entreprenons d’aller récupérer, en stop, la tente-moustiquaire que nous avons laissé au camping (oui, du coup on a payé une nuit au camping pour rien). Sauf qu’en arrivant au camping…. Y a plus la tente ! Super ! On garde la pêche et on prend le chemin du retour en se disant qu’au moins on aura rencontré un mec sympa (en stop) et qu’il ne faut pas perdre foi en l’humanité. Deux heures plus tard, sur le bord d’une route au milieu de nulle part avec des panneaux de signalisation qui nous rappellent la présence d’ours, j’avoue, nous commençons un peu à perdre la foi. Mais tout droit venus de Chine, deux frères s’arrêtent ! Alléluia ! Il reste des hommes bons… qui nous apprennent qu’ils viennent de croiser un ours, quelques kilomètres avant de nous voir sur le bord de la route. Nous faisons abstraction du fait que c’était peut-être plus par pitié que bonté et le baromètre de nos cœurs remonte un peu.

Vaille que vaille, nous repartons (en laissant bien chauffer Big Boy…). Nous commençons par une promenade matinale au Johnston Canyon, un beau canyon que l’on parcourt sur des passerelles le long des parois. Après un second essai infructueux pour voir le Lac Morraine qui ne désemplit vraisemblablement pas, nous entamons le vif du sujet : la ICEFIELD PARKWAY (ou la Promenade des Glaciers), une route de 300km qui relie Lake Louise à Jasper, traverse les Rocheuses du Nord au Sud et connue pour être l’une des routes les plus spectaculaires du MONDE. Ouep. Et bien sa réputation n’est pas volée.
Les vues sont majestueuses. L’impression de frôler les glaciers, qui se succèdent mais ne se ressemblent pas, les lacs qui déclinent cent nuances de turquoise, les falaises qui se dressent abruptes, si proches de nous. Cette route a ceci d’exceptionnel qu’elle offre une proximité unique avec la haute montagne tout en évoluant dans une large vallée dégagée.
Nous parcourons les 150 premiers kilomètres, en s’arrêtant au bord d’un premier lac puis au Lac Peyto ensuite. Le Lac Peyto, c’est un peu la quintessence de cette route, le panorama-témoin, l’image d’Epinal des Rocheuses : à gauche, un glacier qui nourrit un lac (turquoise, évidemment), qui se termine en forme de tête de loup et à droite, à l’horizon, la vallée qui s’étire en d’inombrables sommets.

Le lendemain, c’est la deuxième partie de la promenade qui nous attend et un sérieux défi pour Big Boy : le point culminant de la route et le fameux virage de la mort qui te fait prendre 400m de dénivelé. Alors on respire, et on monte tranquillement à 20km/h. Il s’en sort comme un chef, et la récompense est de taille puisque la route passe littéralement au pied du glacier Athabasca. Une pause s’impose pour aller voir ce géant de plus près (plus si géant que ça, d’ailleurs, puisque sur le chemin qui mène au glacier, des panneaux indiquent le recul de celui-ci, décennie après décennie…). Nous entamons la redescente vers Jasper, les freins sentent un peu le brûlé mais tout va bien, la vallée s’élargit de nouveau et les sommets autour de nous se dressent avec moins de fougue. Deux arrêts pour voir des chutes d’eau mythique : les Sunwapta falls et les Athabasca falls. C’est très beau mais l’accès facile à ces endroits leur confère malheureusement un petit côté parc d’attraction.

Nous arrivons alors à notre petit camping à Jasper (où il faut bien prendre gare au grizzly qui vient chasser les bébés wapitis qui s’abritent dans le camping, ah super!). Nous restons deux jours à Jasper, un village sympathique, un peu moins touristique (et donc plus authentique) que Banff. Le temps pour nous de randonner au dessus du Lac Maligne et de voir ces sommets d’en haut, avec une vue à 360° à couper le souffle, et de faire une autre plus petite balade le long de cinq jolis lacs.



C’est à Jasper que nous avons la chance de voir notre premier caribou et nos premiers wapitis ! (mais soit dit en passant, aucune trace de l’ours, ni noir, ni grizzly, tant et si bien que l’on en vient à penser que tout cela n’est qu’une gigantesque escroquerie gouvernementale visant à attirer du touriste au Canada. Et les gens qui vous disent qu’ils en ont vu sont des menteurs payés par le ministère du tourisme).





Nous quittons Jasper et l’Alberta et continuons notre périple vers l’ouest avec un arrêt express, le temps d’une rando, au Parc du Mont Robson.

Ce séjour dans le coeur des Rocheuses canadiennes nous laisse le sentiment d’une rencontre peut-être trop fugace mais au combien exhaltante, avec l’envie certaine de revenir, et de découvrir les coins que nous n’avons pas eu le temps de voir (peut-être plus tôt ou plus tard dans la saison, pour ne pas avoir à trop partager…).

Deux jours de route, à longer le versant ouest des Rocheuses, en passant par Valemount et Kamloops, nous mènent au sud de la Colombie Britannique, dans une région connue pour ses vergers, ses vignes et la clémence de sa météo : la Vallée de l’Okanagan… Un air de provence... que nous ne manquerons pas de vous raconter au prochain épisode !


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